Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit … Pour eux … En fait, bien d’avantage pour elles, mais on me taxerait de sexiste si je n’harmonisais pas mon vocabulaire.
En réalité, c’était dans une autre vie, presque. Les blogs en étaient plus ou moins à leurs balbutiements, et Twitter, ma foi, n’existait pas encore. La mode était aux “forums”.
C’est là que j’ai fait ma première apparition, mettant en avant ma qualité de policier. Il faut dire que je sortais tout juste d’un passage dans un groupe “crim” où il m’arrivait de m’occuper de ces affaires. C’est par hasard que je suis arrivé sur ce forum; le hasard des “clics”, presque !
J’ai la sensation (qu’on me démontre le contraire) que, dix ans plus tard, les choses n’ont que peu évolué.
Peut-être l’aurez-vous compris, je vous parle là des victimes de viol.
Avant d’aller plus avant, profitez de cette lecture pour écouter cette superbe chanson:
Jeanne Cherhal "Quand c'est non, c'est non"
Il est, dans ce domaine, une « foutue » statistique, sans évolution, où l’on estime celles qui ont “franchi le pas” (je ne veux pas parler de courage, tant il s’agit de ne pas les blâmer, ou en tirer quelque image négative). Statistique, disais-je, qui ne va pas au delà des 10%. Rendez-vous compte: 1 personne violée, sur 10, qui dépose plainte ! On dénombrait, en France, en 2012, près de onze mille viols.
Pourquoi aussi peu de plaintes ? Les raisons sont multiples. Certaines veulent juste “oublier”, d’autres craignent de raconter “ça” à un homme; d’autres, encore, sont convaincues par leur environnement que “ça ne sert à rien” (souvent dans les affaires intra-familiales; comprenez, ça fait pas joli-joli, de se dire que dans la famille, Tonton Lucien, ben c’est un violeur; que vont dire les autres, hein ?). Les raisons sont si nombreuses.
Je me suis donc inscrit sur ce forum, tout simplement, en disant “je suis policier; si vous avez des questions, je peux tenter d’y répondre”. Et, plusieurs mois durant, tous les jours, je répondais à des questions. J’étais sidéré, par ces histoires, qui s’accumulaient, tous les jours. Ces histoires, à la fois si différentes, mais avec toujours un point commun: la douleur. Et souvent … La honte ! Oui, c’est le monde à l’envers; c’est celui qui a subi qui a peur !
C’est là que j’ai pris conscience de la réalité de ce qu’on peut appeler le“chiffre noir”. Il ne s’agissait plus, pour moi, d’un chiffre, mais de quelque chose de concret.
Il faut le dire, les questions étaient très souvent les mêmes. “est-ce qu’on peut considérer ça comme un viol”, ou encore “comment va se passer la plainte”, ou “ai-je le droit de n’en parler qu’à une femme”, serais-je obligée de répéter devant le juge ? Beaucoup de questions, aussi, en relation avec la prescription … Concrètement “je me suis faite violer l’année …. Puis-je encore déposer plainte? »
Pour celles qui avaient franchi le premier pas, au commissariat, la question suivante était “suis-je obligée d’assister à la confrontation ? » Ou, ça arrive “comment retirer ma plainte”.
A chaque fois, je répondais. Non pas avec un simple “copier-coller”, ou juste un article du Code Pénal. Non, des mots qui s’adressaient à celle qui écrivait. Parce qu’il me semble fondamental de s’adresser personnellement à celui ou celle qui souffre. Bien sur, le net autorise l’anonymat, et c’est ce qui fait qu’il y avait tant de monde. Mais anonymat ne veut pas dire “machine”. Derrière cet anonymat, il y a bien une victime. Et avant qu’il s’agisse d’une victime au sens pénal du terme, quelqu’un qui, tout bonnement, souffre, et qui demande à ce qu’on prenne cette souffrance en considération. En fait, un être qui n’a personne à qui parler, qui ne souhaite pas être jugé par ce qu’il raconte. Parce que c’est bien de cela, dont il est question: être jugé, avant tout, par les siens. Voir le regard des autres, envers soi, changer. Et, si l’on a besoin d’être écouté et entendu, la souffrance ne doit pas changer l’attitude de ceux qu’on aime. Oh, essayer de comprendre le proche touché dans son comportement, très certainement. Comprendre une réaction inhabituelle directement liée à ce qui a pu se passer, oui. Mais ne pas tomber dans l’excès. Changer ne fait encore que s’éloigner celui ou celle qui est touchée.
Il s’agit aussi, et je vais m’y attarder quelque peu, de ce qu’on appelle aujourd’hui, la culture du viol. Celle qui avait une mini-jupe, et qui se disait “j’aurais pas dû”, ou encore celle qui avait abusé d’alcool… Mais aussi, celle qui a tenté de se refuser à son conjoint (1/3 des viols ont lieu au sein du couple). Je le sais, notre système a encore beaucoup de progrès à faire, en ce domaine. Parce que, soyons clairs, rien ne justifie que l’on force qui que ce soit à une relation sexuelle, quelle qu’elle soit. Ni attitude, ni la tenue vestimentaire, ni un lien conjugal… ni rien d’autre.
Faut-il aller plus loin ? Et, considérer, comme en Amérique du Nord, que toute absence de consentement équivaut à un “non”; et qu’un facteur comme l’alcool abolit le discernement, et doit donc être considéré comme un obstacle à l’acte sexuel. C’est très certainement à la jurisprudence de répondre à ces questions. Mais, finalement, la jurisprudence n’est-elle pas le reflet de notre societé ?
Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet, voici quelques liens:
- le blog de « Crepegeorgette » (ne vous arrêtez pas au titre)
- madmoizelle.com, qui traite du viol, du consentement et de « zone grise »
Bref, nombreuses sont les victimes qui se réfugient sur les forums anonymes.
Par ces quelques lignes, par le biais de ce blog, j’ai envie de vous le crier “OSEZ”, allez au commissariat. Déposez plainte. C’est la première étape. Et j’en profite pour une aparté: tout service de police ou de gendarmerie est tenu de recevoir votre plainte. Que les faits se soient déroulés dans votre ville ou à 800km d’où vous vous trouvez, peu importe. Qu’ils se soient déroulés une heure auparavant, ou dix années. C’est à la fois le Code de Procédure Pénale, dans son article 15-3, qui le prescrit, mais aussi la « Charte d’Accueil du Public et des Victimes« , dans son article 5.
Une étape, disais-je. Un chemin qui, il ne faut pas se le cacher, va être long. Mais vous serez aidée, assistée. Oui, je repasse au féminin, puisque, soyons clairs, 91% des viols concernent des femmes.
Pour plus de statistique en la matière, je vous renvoie vers le site: planetoscope.com.
Je le reconnais; tout n’est pas parfait. On constate, encore, parfois, des comportements qui n’ont pas lieu d’être… mais c’est le moment où il faut prendre sur soit, et y aller. Oui, lorsque vous raconterez les faits, peut-être le vivrez-vous tel un second viol. Peut-être en sera-t-il de même lorsque le magistrat vous demandera, encore une fois, de raconter. Peut-être, encore, le jour d’un éventuel passage au tribunal. Mais c’est un mal nécessaire.Il est aussi important que vous sachiez que vous avez des droits, aussi; le droit de consulter un psychologue, qui va vous aider dans cette période difficile. Le droit, aussi de vous faire assister juridiquement par un avocat, lequel pourra vous éclairer sur la tournure que prend la procédure. Celui-ci peut désormais être présent lors d’une éventuelle confrontation (art. 63-4-5 du Code de Procédure Pénale). Ce conseil, qui sera également présent lors de vos déplacements, dans le bureau du juge d’instruction. Ainsi qu’au procès. Celui qui deviendra avocat de la “partie civile”, ce statut qui vous est conféré par la loi. Je veux dire par là que vous ne serez jamais seule. S’il le faut, lorsque vous irez au commissariat (ou la gendarmerie), faites-vous accompagner par votre meilleur(e) ami(e), votre confident(e), votre mère, père … Celui où celle en qui vous avez pleine confiance.Peut-être pouvez-vous aussi aller à la rencontre d’une association d’aide aux victimes. J’en profite, pour vous donner quelques liens, en vrac:
- le site officiel du Ministère de la Justice, où vous trouverez toute sorte de coordonnées utiles
- le site des “violences faites aux femmes”
- « sos inceste pour revivre« , qui va lister les associations de votre département
- « sos femmes«
- le compte Twitter @08VICTIMES, de l’Institut National d’Aide aux Victimes et de Médiation, ou leur site internet: INAVEM
La plainte, comment ça se passe?
Une fois au commissariat, si vous le voulez, demandez, si vous pensez que c’est plus facile, à parler à une femme. Même si, j’ai envie de dire, il n’y aura pas toujours que des femmes, sur votre parcours. Donc… foncez… même si c’est un homme. Les forces de l’ordre sont maintenant bien plus formées qu’il y a encore quelques années; plus sensibilisées. Dans certains services, un groupe dédié peut exister, et peut-être vous recevoir de manière encore plus professionnelle encore.
Mais, restons-en à ce qui se passe le plus souvent. Vous allez déposer plainte, et c’est le policier qui est à l’accueil, qui va faire ça toute la journée, qui va vous recevoir. Et il le fera entre une plainte pour vol de voiture, et une autre déposée par un homme venu se plaindre de son voisin qui fait trop de bruit le dimanche matin.
Le policier va vous demander une foultitude de détails; votre emploi du temps précis. D’où vous veniez, où vous alliez … Des détails qui vont vous paraître, parfois, sans enjeu. Mais le policier, lui, sait où il veut aller, et la raison pour laquelle il va vous demander ces détails. C’est donc le démarrage de l’enquête. Il est possible que vous soyez convoqué le lendemain, pour apporter encore d’autres précisions. Il est possible (sauf demande expresse de votre part) que certains de vos proches soient entendus; en tant que témoins. Parce qu’ils vous ont vu partir, par exemple. Parce qu’ils vous connaissent bien, aussi … Encore une fois, laissez avancer les enquêteurs.
La première chose que vont faire les enquêteurs, c’est trouver des éléments qui vont prouver la réalité des faits. Que personne ne puisse, plus tard, immiscer l’idée que vous avez inventé l’histoire. Parce que, oui, ça existe, il est des femmes qui déposent plainte pour viol, qui font travailler les services de police, de justice … Alors qu’il ne s’est rien passé ! Et les excuses sont nombreuses. C’est difficilement crédible, aux yeux d’une « vraie » victime de viol, mais ça existe. J’en ai vu. Et tous mes collègues qui font du judiciaire, également.
Oui, il arrive aussi qu’on ne puisse avérer les faits; c’est notamment le cas pour celles qui déposent plainte plusieurs mois, voir plusieurs années après les faits. Certes, c’est plus difficile. Eh bien on va enquêter autrement. Oui, il est possible que l’affaire puisse se terminer par ce que l’on appelle “la parole de l’un contre celle de l’autre”. C’est possible. Mais, il le faut. Osez. Avant tout pour vous, mais aussi, un peu, parce que celui qui vous a fait ça pourrait avoir l’idée de recommencer avec quelqu’un d’autre.
Les investigations sont parfois longues; très longues. Plusieurs semaines, plusieurs mois… mais, soyez certains que les policiers sont en général très motivés à rassembler les preuves nécessaires, interpeller et présenter à la justice les auteurs d‘infractions sexuelles.
Il ne s’agit pas de se mentir. Il est possible qu’on ne retrouve pas l’agresseur; ou encore que l’on ne réussisse pas à réunir assez d’éléments pour qu’il soit condamné. Mais il faut tout tenter. Au moins VOUS aurez fait ce qu’il faut. Et, il ne faut pas l’oublier, à coté de cette procédure pénale, il faut prendre soin de vous; cela signifie se prendre en charge, faire ce qu’il faut pour que, non pas vous oubliiez (ce n’est, me semble-t-il, pas possible), mais plutôt pour que vous arriviez à vivre “avec”; en quelque sorte, ranger cette “histoire”, dans un tiroir, et continuer à vivre.
Parce que, toujours, la vie vaut la peine d’être vécue. Et , parce que, avant tout, les femmes …. Le seul droit que l’on a vis à vis d’elles … C’est de les aimer.
Bonsoir,
Sujet au combien difficile, mais bien aborde, merci pour elles….
Surtout ne pas hesiter, jamais a porter plainte…
après avoir porte plainte en 2004 et 2 procès, ils sont ressortis libres… aujourd hui, ils m attaquent en diffamation. est ce que cela vaux vraiment le coup de se battre?.
bonjour Marjo,
c’est là une situation assez exceptionnelle, je l’avoue. Ca vaut toujours le coup de se battre pour la vérité. Toujours. Et, encore une fois, même si c’est difficile, il faut aller au bout des choses. Faire, au moins, ce que vous pouvez. Je l’ai dit; malheureusement, toutes les procédures n’entraînent pas condamnation, c’est vrai. Pour des raisons diverses; le plus souvent, parce qu’il n’a pas été possible de réunir toutes les preuves de culpabilité d’un individu poursuivi; ou parce que, tout simplement, il n’a pas été poursuivi. Mais il faut toujours se battre. Toujours. Vous savez, le viol a cette particularité que, s’agissant d’un acte sexuel, il se déroule dans un lieu confiné; et cela signifie donc qu’il n’y a pas de témoin, pas de caméra, rien!Donc, difficile de trouver les preuves. Et donc, ce message, disant qu’il faut aller au bout des choses, il est pour vous, mais aussi pour toutes celles qui ont été touchées. D’une manière générale, aussi, il faut se dire que, le rôle d’une victime, c’est que sont « statut » soit reconnu. Quelque part, même si c’est difficilement compréhensible, c’est à la societé, donc à la justice, de condamner. Et, aussi lointain que mon propos puisse vous paraitre, là, si la justice ne condamne pas, ma foi, quelque part, c’est elle que ça regarde. Il est, en droit, une formule qui dit « mieux vaut un coupable en liberté qu’un innocent en prison ». De par ce fait, pour condamner, il faut des preuves, solides. C’est parfois choquant, mais le système est ainsi.
bonjour,
merci d avoir pris le temps de répondre… je ne sais pas si je finirais mon combats, plus de courage pour me battre… mais dans c’est procédure on a besoin de personne comme vous, car on est vite perdu et on perd vite pied, qui nous rassure, juge pas et nous montre le chemin.
de mon cote, je ne sais pas trop ou je vais… (surement tous droit dans le mur!!) mon tort dans cette affaire c’ est d’être encore en vie.
merci
Merci beaucoup pour ce billet. Le forum dont vous parlez, il existe encore ? On peut le consulter ?
bonjour.
allez regarder par ici: http://forum.doctissimo.fr/doctissimo/pedophilie-viol/liste_sujet-1.htm
bon courage.
Merci pour cet article que je vais partager au maximum.
Aux victimes de viol qui n’osent pas porter, on peut ajouter les victimes de violences conjugales (physique et/ou psychologiques) qui ont elles aussi beaucoup de mal à passer le pas.
http://www.memoiretraumatique.org/assets/files/doc_violences_sex/cons_troubles_psychotrauma_sur_prise_en_charge_victimes_de_viols.pdf
Ce document eclaire le comportement de la victime.
Bonne journée.
BIEN ENTENDU. BIEN SÛR. COMMENT AURAIT-IL PU EN ÊTRE AUTREMENT.
Pardon.
Du coup, mon commentaire d’origine :
« Bonjour,
Cet article a des chances d’être utile à certain/es, alors merci pour eux et elles.
J’ai été conduite ici par des tweets de Maître Eolas qui disaient que la confrontation ne pouvait pas être imposée sans un avocat, ce que j’ignorais. (J’ai donné mon accord sans conditions pour une confrontation parce que je voulais être arrangeante, je me demande si l’OPJ le prendrait mal si je me ravisais ?)
Je ne voudrais pas vous monopoliser, mais est-ce que je pourrais vous poser quelques questions ? Je tiens un blog où je vide mon sac sur mon viol et la procédure, mais j’ai peur d’écrire des âneries dedans, des âneries que d’autres victimes pourraient éventuellement considérer comme vraies et cela m’inquiète.
Merci. »
Bonjour
tu dis dans ton texte « . Il est possible (sauf demande expresse de votre part) que certains de vos proches soient entendus; en tant que témoins. Parce qu’ils vous ont vu partir, par exemple. Parce qu’ils vous connaissent bien, aussi … »
je ne comprends le « parce qu’ils vous connaissent bien ». il me semblait que l’enquête de personnalité avait été abrogée il y a quelques années.
tu parles ensuite des fausses allégations ; j’avoue que je me demande pourquoi il faut toujours évoquer ce point. j’en ai fait un article entier sur mon blog les fausses allégations sont rares. très rares.
je n’ai JAMAIS lu sur des articles témoignant de vols « attention il y a des escroqueries à l’assurance ». pourquoi faut il donc toujours évoquer ce qui n’existe que très peu ?
tu dis enfin » un peu, parce que celui qui vous a fait ça pourrait avoir l’idée de recommencer avec quelqu’un d’autre. »
et ?
en quoi les victimes sont elles coupables de ce que pourrait éventuellement commettre le violeur ?
en disant cela tu mets un fardeau incroyable sur le dos des victimes qui ont deja a dealer avec leur culpabilité, la justice trop lente, le mauvais accueil policier, la correctionalisation des viols etc.
si tu veux blâmer quelqu’un blâme le violeur. ou la justice, la police, les amis, la famille, bref la société entière qui fait tout pour qu’une victime ne porte pas plainte et qu’un violeur recommence.
brefje trouve fort dommage que soit abordé encore une fois,comme chaque fois le cas des fausses allégations qui constitue une part minime des viols. et au passage je serais curieuse de savoir ce qui a été classé comme fausse allégation ; malheureusement cela est apparemment impossible.
Comme celles-ci par exemple?
http://www.lindependant.fr/2014/07/17/perpignan-lola-avoue-ne-jamais-avoir-ete-violee,1908549.php
Pour ne parler que de la plus récente et médiatique affaire?
bonjour,
je me permet de faire un complément de réponse. Plusieurs points:
– malheureusement, les fausses allégations ne sont pas aussi rares que vous le pensez; et, croyez-moi, c’est par expérience que je vous en parle. mais aussi l’expérience d’autres collègues que j’ai pu croiser; qu’il s’agisse de « pseudo » victimes majeures ou mineures. Mais ça n’enlève rien au message « global ». Ça existe, il faut le savoir. Et, il est un fait; à cause de ces comportements, cela nous oblige à redoubler de vigilance sur les déclarations en général et, de fait, de tout vérifier, point par point. Je rejoint donc ce que vous appelez « l’enquête de personnalité »; ce n’est pas aussi spécifique que ça. C’est sur un tout. Il arrive que l’on trouve très vite des éléments matériels, auquel cas, il est moins nécessaire d’approfondir la personnalité. Mais, lorsqu’il n’y a « rien », c’est nécessaire. Ce qui ne veut pas non plus dire qu’une personne décrite comme « menteuse habituelle » mentira lorsqu’elle dira s’être faite violée. L’un n’est pas forcément la conséquence de l’autre. C’est UNE indication parmi d’autres.
Pour ce qui est du parallèle aux escroqueries à l’assurance, elles ne conduisent pas à mettre quelqu’un en prison pour les dix prochaines années; la différence est là. Il faut bien comprendre que le policier se trouve au milieu d’une plaignante, qui se dit victime, et d’un accusé, possiblement auteur; et qu’il faut arriver à démêler la vérité au milieu de tout ça, en l’absence d’élément matériel. Et l’enjeu est important. Pour les deux personnes; Pour une victime qui pourrait ne pas être crue tout autant que pour un individu qui pourrait être envoyé en prison alors qu’il n’a rien fait.
– lorsque je dis qu’il faut penser à ce que pourrait faire un auteur sur une autre femme: il ne s’agit pas de culpabiliser qui que ce soit. Certainement pas. Seulement une manière de se donner un peu plus de courage pour « y aller »; c’est juste ça. Une victime a, bien sur, suffisamment lourd à porter pour ne pas en rajouter; Donc, attention à ne pas interpréter mes propos.
Et j’insiste au regard de ta conclusion; malheureusement, les fausses allégations ne sont pas rares. Je ne puis vous sortir de statistique, mais tous les policiers enquêtant dans des groupes criminels seront en capacité de vous parler de ce temps perdu sur de fausses histoires; temps qui, d’ailleurs, ne pourra pas être utilisé sur les cas réels.
Et, encore une fois: parler des fausses allégations n’enlève rien à l’horreur subie par les victimes réelles de ces atrocités. Elles n’en sont pas moins victimes, pas moins traumatisées.
Je n’ai jamais eu aussi peu envie de porter plainte qu’en lisant ce texte… Entre la complaisance du flic vis à vis de ses pairs (« On constate, encore, parfois, des comportements qui n’ont pas lieu d’être » Parfois? Plutôt souvent, très souvent non?), l’indulgence vis à vis du système en général (« Tout n’est pas parfait » Oui on plutôt il y’a un gros problème systémique?), et l’éternel topo sur les filles qui mentent, qui nous montre clairement que c’est la première et plus importante préoccupation des enquêteurs que d’éliminer cette éventualité, pourtant statistiquement quasi infondée. En l’espace d’un texte aussi court, réussir à mobiliser le spectre parano des fausses accusations, c’est fort. Une vraie obsession qui traduit l’état d’esprit des policiers en entendant la victime.
bonsoir,
Désolé que vous le preniez ainsi. Ce n’est, bien évidemment, pas le but. Complaisance? De quoi parlez-vous? Je n’ai jamais dit cela! Ces « comportements », dont il est question, sont de plus en plus rarissimes, dans les efforts de formation sont réels et concrets. En ce qui concerne la préoccupation des « filles qui mentent », ce n’est pas tant, comme vous le dites, une « préoccupation » en tant que tel. Mais, dites-vous que si le flic ne fait pas un minimum, le jour d’un éventuel procès, cela sera bien pire, si tout n’est pas « bordé », et le plus « carré » possible. Et en face, cela sera en plublic, avec un tribunal, un avocat en face, qui défendra celui qui est accusé. Ce qui est loin d’être évident. Et je rappelle encore une fois qu’il s’agit d’éventuellement envoyer quelqu’un pendant plusieurs années en prison; donc, une des préoccupation, c’est de ne pas faire d’erreur. L’enjeu est de taille.
Pour ce qui est de « l’état d’esprit en entendant la victime », aucune de celle que j’ai entendu n’a eue à se plaindre. Il est le même, tout le temps; l’obsession de la vérité, de trouver un maximum de preuves, et les présenter à la justice. Si vous me suivez un peu sur les réseaux, vous devez savoir que je suis le premier à défendre les plaignantes/victimes. Ne déformez donc pas mes propos comme il vous arrange de les lire.
Il y a le ressenti (et les quelques affaire médiatisées) et les statistiques : http://www.crepegeorgette.com/2014/10/13/fausses-allegations-viol/ . vous avez en fin de texte une dizaine d’études sur les fausses allégations.
Quand je parle de l’enquête de personnalité, je me demande si vous enquêtez par exemple sur la vie sexuelle de la victime.
Mon but est simple. seulement 10% des victimes portent plainte et nous en sommes tous collectivement responsables.
or je dis et je maintiens qu’il est contreproductif de parler des fausses allegations aux victimes.
l’immense majorité des victimes de viol, hommes comme femme, ont déjà plus que tendance à minimiser ce qu’elles ont vécu, à se dire qu’elles l’ont cherché ou qu’elles ne se sont pas assez bagarrées.
quand vous un policier rappelez qu’au fait il y a de fausses allegations (ce qui contitue un phénomène mineur) vous les re-enforcez dans l’idée qu’on ne va pas les croire.
enfin il n’est pas question de courage pour aller porter plainte. il n’y a pas a trouver une victime courageuse ou non courageuse. simplement je vous le repete, lui dire cela accentue sa culpabilité.
une dernière chose « On constate, encore, parfois, des comportements qui n’ont pas lieu d’être… mais c’est le moment où il faut prendre sur soit, et y aller. »
en fait non. ca n’est pas aux victimes de prendre sur elles. c’est à vos collègues d’éviter les jugements, les comportements déplacés, les blagues, le sexisme, l’homophobie et la transphobie.
Il ne s’agit pas (je le précise au cas ou) de taper sur les flics. il s’agit de considérer qu’il y a beaucoup de comportements inqualifiables, dus à des préjugés sur le viol, sexistes (que partage toute la société) et qu’il faut les corriger.
les victimes ne peuvent pas faire avec cela c’est une nouvelle violence pour elles. (et pour eux n’oublions pas les victimes hommes).
@hpiedcoq: si vous préférez la lecture des faits-divers à des statistiques…
Il faut aussi prendre en compte le fait que si le policier n’envisage pas que la victime mente, cela peut se retourner contre la victime lors du procès.
Si des éléments n’ont pas été vérifiés il suffira à l’avocat de la défense d’instiller le doute dans l’esprit des jurés en mettant en avant ces éléments sur le mensonge possible pour que l’accusé soit acquitté car en droit français « le doute profite à l’accusé ».
Et moi-même j’ai vu des accusés de viols acquittés grâce à un avocat de la défense brillant qui démonte toute l’enquête.